Je suis née en 1979. Quand j’étais enfant, l’an 2000 c’était déjà le futur, un futur imaginé mille fois, rassurant. Je ne me souviens pas avoir jamais imaginé 2019, trop loin, trop insignifiant !
Enfant, au détour des conversations, lors de la trêve des confiseurs, on débattait de l’avenir : de ces années qui commenceraient pas un 2, du second millénaire… On pensait que tous pourraient vivre sans presque travailler grâce aux machines, qu’on éradiquerait la misère, la faim, les maladies. Mon grand père corse me disait « Regarde ce tableau, un jour ce sera une télévision ». C’était une petite prédiction du quotidien. Quand il est mort, sa prédiction s’était réalisée. Les autres non. En attendant, la télévision ressemblait encore à une demi-sphère qu’on aurait tenté de faire entrer dans une boite carré.
Ces conversations de futurologie domestique, on les tenait en famille, à l’approche de la nouvelle année.
Rajouter chaque année un chiffre à la date qui nous accompagne pendant douze mois, c’est forcément un bon moment pour se projeter dans le futur. Au chaud, entre deux friandises.
Les romains faisait de cette période, un moment particulier, les saturnales, où les règles de la société s’inversaient… Cette trêve des confiseurs n’a pas changée : un moment où l’on retient son souffle. Ce matin, en rédigeant mon premier chèque de l’année, en raturant discrètement le 2018 écrit par automatisme pour le transformer en 2019, le choc a été léger, mais rude.
2019, pour quelqu’un né en 1979, c’était un futur imprévu, lointain.
2019, c’est la date où se déroule l’action de Blade Runner et Akira, 2019 dans star trek, c’est la veille la troisième guerre mondiale (2026-2053)…
2019, dans le présent, c’est une année où l’on envisage plus le futur avec optimisme. Les enfants ont presque tous entendus parlé du changement climatique, de l’effondrement de la biodiversité, et des risques qui en découlent pour nos sociétés. Si bien que quand mon fils de 3 ans me dit « plus tard, je serais chevalier » et que son frère répond, « c’est impossible, mais plus tard tu pourra être pompier, ou professeur », je ne suis pas certaine d’être d’accord…
Entre la fin du pétrole annoncée, le changement climatique, les pollutions majeures de notre environnement, la casse quotidienne de notre service public, ce que sera notre société dans le futur reste bien hypothétique et le retour à une société à tendance féodale à la suite d’une crise, économique, politique, énergétique, écologique ou sociale majeure pourrait bien nous pendre au nez !
Alors ce qu’on va se souhaiter pour 2019, c’est avant tout la santé parce que vu la casse actuelle de l’hôpital public, mieux vaut être solide! et puis ce qu’on va se souhaiter pour 2019 : ce sont de bonnes luttes pour construire un monde un peu moins dur, un peu moins triste, et pour tenter sauver sa beauté, de garder auprès de nous, sur terre quelques animaux sauvage, de sauver ce qui peut l’être de la diversité des espèces et espaces naturelles, de reconstruire un vrai système de santé et de solidarité, d’éducation. Des luttes, qui nous apporteront du bonheur, serviront aussi à créer, renforcer entre nous des liens…
Parceque si l’humanité est en train de tout foutre en l’air, de rendre son environnement inadapté à sa propre survie, si on doit être les derniers ou peu s’en faut, …on se doit de profiter encore un peu de cette beauté et du bonheur qu’offre encore notre monde, du bonheur que nous offre la nature.
Carpe Diem : un peu ! …en luttant pour ne pas avoir à abandonner l’espoir que tout ça ne pourrait être qu’un mauvais passage : Une lutte heureuse, fraternelle, car si jamais on la gagne, le futur qu’on créera sera marqué de l’empreinte de ce qu’on vit aujourd’hui !