Ce samedi, j’ai franchi les portes ouvertes du lycée Astier à Aubenas. En tant que conseillère régionale d’opposition, je ne siège pas au conseil d’administration, mais une visite dans ce lycée permet d’apprécier les effets de l’action régionale, inadaptée aux besoins des usagers et menée sans concertation.
On commence par les portiques de sécurité, 360 000 euros. J’en ai déjà parlé dans un précédent billet. Après avoir été sciés pour désencastrer un usager imprudent, ils sont à nouveau en service… mais pas aujourd’hui, c’est portes-ouvertes !
Mon fils de trois ans, me demande un peu intrigué, « maman pourquoi les portes, elles sont comme ça ?» en s’approchant des tourniquets… Comme je n’ai pas franchement envie qu’il s’y coince lui aussi, je l’en éloigne fermement tout en réfléchissant à la réponse que je vais pouvoir donner.
«C’est une promesse de campagne! C’est pour faire croire que les gens dangereux ne peuvent pas entrer dans le lycée »… un peu compliqué, je reprendrais bien aussi ce que m’a dit un enseignant « C’est pour apprendre aux élèves à se plier aux protocoles de sécurité », mais ça aussi, mon fils ne comprendrait pas bien… Je préfère ne pas répondre. Quand on ne peut pas expliquer quelquechose un enfant de trois ans c’est souvent que ça manque de sens.
En langage « adulte » de la majorité régionale, les portiques sont là pour protéger les élèves des terroristes, « ça coût cher, mais la sécurité n’a pas de prix ». Seulement toute l’année, les élèves viennent fumer juste a l’extérieur de ces portails, et rien ne les protège d’un attentat : d’une voiture lancée sur eux, pas même des blocs de pierre qui bloqueraient la route.
Bref, la visite commence. De loin le lycée ressemble à un bunker, mais l’intérieur est plutôt agréable, un peu labyrinthique, des couleurs vives, des machines et de chouettes affiches.
300 000 euros environ de machines par atelier pour former douze élèves par an, c’est plutôt bon signe, sauf que les professeurs limitent mon enthousiasme, « On a de gros équipements, mais pour les petites équipements et les consommables c’est souvent la misère, ça nous bloque au quotidien pour faire cours. »
Des professeurs râlent sur la lenteur des ordinateurs «certains sont tellement long à se lancer, que pour un cours d’une heure, je préfère ne pas les démarrer, d’autant que les élèves n’en ont pas un par personne…. mais apprendre à faire un power point sur papier, c’est quand même problématique !
Gaspillage d’argent public
Du côté des doléances, il y a aussi le déménagement d’un atelier qui a du être déplacé pour accueillir une formation continue. « ça à coûté 120 000 euros de déménager l’atelier et de monter des cloisons, même pas jusqu’au plafond…, finalement la formation continue a été annulée».
Enfin, les nouvelles toilettes cristallisent l’ire des professeurs : quelques pissotières ont laissé la place à une toilette accessible aux handicapés et deux lavabos… « Certaines sections n’accueillent presque que des garçons. Avant, ils pouvaient rapidement aller aux toilettes pendant leurs pose, maintenant ça fait des files interminables».On aurait pu rajouter des toilettes accessibles aux handicapés et garder les pissotières, mais avec la Région, c’est l’un ou l’autre !
Des nouvelles portes coupe-feu ont été installées « de la mauvaise qualité, en quelques mois elles sont cassées » explique un prof. Des travaux pas franchement durable donc.
Sans concertation
Excédés les professeurs ont fait grève il y a quelques semaines. En tant qu’utilisateurs ils auraient aimé être consultés sur les travaux, cela aurait éviter les plus gros couacs…
Reste a espérer que pour le « Plan Marshall des lycées de Wauquiez», une concertation puisse avoir lieu avec les enseignants, c’est en tout cas, ce qu’on défendra au sein du groupe RCES à la Région.
La dernière fois qu’on a rappelé à la majorité régionale qu’un conseil d’administration de lycée ( Lycée d’Echirolles) avait refusé ses portiques de sécurité pour flécher les dépenses ailleurs et qu’ils devaient en tenir compte, ils ont répliqué qu’étant propriétaires des lycées, la Région fait bien ce qu’elle veut !
Avec la majorité régionale, la concertation, ça n’est pas vraiment la priorité !