Je défendais ce matin la réouverture complète des services d’urgences malmenées sur nos territoires. Fermeture la nuit, comme à Aubenas, l’été comme à Oyonnax, Belley ou au Puy en Vellay, ou durant des périodes indéterminées comme à Feurs ; dans des territoires entiers nous n’avons plus accès aux services d’urgence, cela ne peut devenir la norme. Ce vœu a été adopté et sera transmis au gouvernement.
Voici mon intervention :
” Pour la première fois, en juin 2022, les urgences d’Aubenas ont fermé la nuit. Une mesure très mal vécue par les habitants. Présentée comme exceptionnelle, elle a duré presque toute l’année dernière. Après un bref retour à la normale, elles ferment désormais à 18h30.
Pour une partie importante des habitants du sud Ardèche, les urgences les plus proches sont désormais à plus d’1h15, la nuit, par des cols verglacés l’hiver… Le plus frustrant, c’est que les bâtiments des urgences d’Aubenas sont flambants neufs, récemment rénovés grâce à notamment à des fonds régionaux.
Sur une urgence relative, le médecin régulateur du SAMU ne peut rien proposer. Il ne peut pas rediriger vers la médecine de ville : l’ARS n’organise pas de gardes de nuit ici «Les politiques nous ont abandonnés, confie-t-il. Il faut se blesser ou tomber malade aux heures ouvrables» conclut-t-il résigné.
Un usager de l’hôpital me déclare, peiné, une perte de chance sur une urgence cardiaque : considérée comme relative par le 15 ; ce n’était hélas pas le cas !
C’est un territoire entier qui se sent dépossédé, oublié, abandonné. En sud Ardèche, on manque de spécialistes, de dentistes, de généralistes, mais il y avait un service d’urgences performant, rénové et ces urgences étaient pour les habitants une forme d’assurance que l’État et la Région, qui ont contribué aux travaux, ne les abandonnaient pas… Le signal envoyé avec la fermeture des urgences la nuit est déplorable.
Cette situation n’est pas unique, les urgences d’Oyonax et Belley ont fermé la nuit cet été, comme celles du Puy-en-Velay entraînant un éloignement des soins quand chaque minute compte, et une désorganisation des hôpitaux les plus proches.
En avril, peu après l’adoption de la loi Rist qui plafonne les honoraires des médecins intérimaires dans le public, mais pas dans le privé, les urgences de Feurs dans la Loire ont fermé temporairement, toute la ville s’est mobilisée pour trouver des solutions. Elle a trouvé des médecins mais attend toujours une réouverture !
Nous assistons à un démantèlement de notre service public de la santé, des zones entières deviennent des zones blanches où l’État a renoncé à protéger les vies de ses habitantes et habitants ;
Ces fermetures ne peuvent devenir la norme ! Nous demandons au Gouvernement de rouvrir nos services d’urgences, sans se cacher derrière une pénurie de médecins devenue systémique dans laquelle, par son inaction, il a désormais toute sa part de responsabilités.”